AriƩ Mandelbaum
31/07/2015 - 16/08/2015

Nous avons l'immense plaisir de vous annoncer l’exposition d’Arié Mandelbaum que nous organisons cet été dans la ravissante ancienne église de Molezon dans les Cévennes. N'hésitez pas à partager ce moment avec nous si vous êtes dans la région.

Le vernissage aura lieu le vendredi 31 juillet à partir de 18h30.
L'exposition se tiendra du 1er août au 16 août de 15h à 19h et sur rendez-vous que vous prendrez en téléphonant au +33 6 50 33 75 10 ou au +33 6 69 39 97 56
 
Gérard Preszow dit ceci à propos de la peinture d'Arié Mandelbaum

Arié Mandelbaum fait couler la couleur dans le blanc - ou l’en fait surgir - et l’histoire commune au creux de la peau. Et c’est si proche, tout à coup, d’aller de l’intime au commun, de l’histoire des hommes à l’histoire de la peinture, de la ressemblance du trait à la pureté pure d’une touche à peine effleurée qui réenfante la terre. Si proche de l’œil, de l’épiderme qu’on ne sait pas ce que c’est, sinon le squelette du monde, la colonne vertébrale qui le maintient à la verticale.  Et qu’on finit par déceler avec évidence pour peu que le peintre nous ait soufflé la réponse et nous ait fait voir le voir.
 
Au cœur de ces grands formats, aux dimensions de l’atelier qui les héberge et les suscite depuis dix ans, la mémoire reçoit, vibre, restitue. Tantôt une ressemblance, une balise de l’histoire. Des faits, un récit : cela peut être la saga séquencée de l’assassinat de Lumumba. Ou les corps nus, entassés, torturés des prisonniers d’Abu Ghraib. Ou un portrait : la famille dans la barque,  une reprise récurrente, un périodique retour sur l’origine et l’étonnement devant son tracé mis à jour. Ou, de l’autre côté du temps, une poignante percée de rouge et de jaune au milieu d’une friche immaculée, d’un vaste espace noyé d’une surabondante lumière.
 
« Limbes », c’est le mot qui vient. Une salle d’attente, de réveil, un ordinateur en mode veille ? Des âmes en peine, en errance? L’attente du baptême des innocents? Un entre-deux, une patience ? Les images pieuses du Quattrocento qui inventent la peinture et dont on a perdu le sens? Le buisson ardent qui se consume au creux des cuisses d’une femme, et puis d’une autre ? Et que signifie encore Moïse pour cette femme-là ?  Et pour ce peintre, d’ailleurs ? Et Jacob, et l’Ange ? Un lointain, très lointain souvenir, un combat incessant. Une connaissance balbutiée. Une déréliction recommencée. Des mythes qui évoquent à peine ou alors, comme le scintillement des étoiles, témoins d’une vie antérieure. Mais une manière, aussi, de donner forme aux scansions du temps, face à soi.

Il y a dans cette peinture, à la sauvagerie effilée, une circulation sans fin des états de la mémoire qui va d’une figuration sismique de l’humaine brutalité bestiale au respect révérencieux de la culture en passant par l’enfance revisitée. Masaccio peint Auschwitz, Monet égrène quelques rares magnolias tandis que des chiens se disputent les chairs de l’innocence et que vogue la barque avec papa et maman. L’Histoire, alors, se confond au mythe et la visibilité des corps tremblants succombe à leur incandescence.

La mémoire dans tous ses états
novembre 2011